Fondation cyclopéenne de l’atelier

Avant de rentrer dans le vif du sujet, commençons par une petite définition de « fondation cyclopéenne » :

Se dit d’un appareil irrégulier formé d’énormes blocs, sommairement dégrossis, posés les uns sur les autres avec des cailloux comblant les interstices.

Le principe est assez simple, il consiste à placer des pierres des plus grosses (en fond de fouille) au plus petites et de les noyer dans un béton de chaux. Ce type de fondation est moins énergivore que les fondation en béton armée et aussi plus souple, ce qui permet de suivre les déformations du sol et du bâtiment dans le temps. Cette technique traditionnelle utilisée depuis des millénaires n’a cependant aucune reconnaissance officielle.

Après avoir lu plusieurs articles sur internet (voir les liens en bas de page) et dans la littérature, nous avons recoupé les informations et fait les fondations à notre sauce dont voici les étapes.

 

Creuser les fouilles

Vu la taille du futur atelier (environ 25m²) nous avons creusé sans machine, seulement à la pelle-pioche (l’emplacement de l’atelier avait précédent été décaissé à la pelleteuse lors du terrassement). Traditionnellement, il est conseillé de creuser d’environ 50cm sur 50cm de large, mais tout dépend du sol et du bâtiment. Nous somme assez vite arrivé sur le sol dur côté rue, donc nous avons peu creusé. Par contre l’autre coté étant plus mou et constitué de remballai, nous avons enfoncé des piquets d’acacia jusqu’à refus (impossible d’aller plus loin).

 

Réaliser des coffrages

Afin d’avoir une épaisseur suffisante de fondation et étant donné que nous n’avons pas pu creusé profondément, nous avons réalisé des coffrages. Le haut des coffrages a été mis de niveau et nous permettra de tiré la dernière couche de fondation et d’avoir un support plan pour la suite. Les coffrages ont été faits avec des chutes d’OSB et de bardage bois, fixées sur des piquets enfoncés dans le sol à l’extérieur des fondations.

 

Poser les premières pierres

Lors du terrassement et en creusant les fondations, nous avons récupéré pas mal de pierre, mais un peu petites pour la première couche. Nous sommes aller en chercher des plus gros spécimens sur le chantier du quartier voisin. L’idée c’est de les placer en laissant un espace de quelques cm afin que le béton de chaux puisse combler ces espaces.

 

Préparer le mortier

La construction traditionnelle et l’EcoConstruction, c’est un peu comme la cuisine : il y a pleins de recettes pour le même plat, on peu aussi faire les dosages à l’œil mais il ne faut pas faire trop n’importe-quoi sinon ça risque de ne pas être très bon. Pour notre béton de chaux nous avons fait le mélange suivant à la bétonnière :
– 1 vol de chaux NHL 3.5 (St Astier)
– 3 vol de « mignonette » (ou mélange à béton = sable et gravier d’une granulométrie inférieur à 10mm)
– 0,1 vol de pouzzolane (le mieux étant du sable pouzzolanique)
– 0,8 vol d’eau (dépend du taux d’humidité du sable)

L’objectif est d’obtenir un mélange assez ferme, pas trop liquide mais assez coulant pour combler les espaces entre les pierres. La plupart des articles vous conseillerons de la chaux NHL2, nous avons choisi la NHL 3.5 pour être sur d’avoir une bonne résistance mécanique. L’ajout de pouzzolane a pour effet d’hydrauliser un peu plus la chaux et d’accélérer la prise mais de façon aléatoire, on peu obtenir un résultat similaire en utilisant du tuileau (tuiles ou briques broyées).

 

Couler le béton de chaux

Le mélange est vidé dans la brouette puis placé dans les fondations à la pelle. On fait vibrer le béton avec la pelle ou à la truelle pour éviter les bulles d’air.

  

 

Et on recommence jusqu’en haut

Ensuite il faut faire la même chose avec des pierres de plus en plus petites, sans attendre que cela sèche, en les plaçant comme un puzzle en 3 dimensions. Il faut mettre un maximum de pierre, le béton ayant pour rôle de lier les pierres entre elles.

 

Finition

Pour la dernière couche, après avoir posé les dernières pierres, on a fait un mélange légèrement plus liquide. On à tiré le mortier à la règle et à la taloche. Puis on s’est amusé à laisser des traces pour les archéologues du futur.

 

Informations diverses

Après chaque session de chantier, il faut bien nettoyer les outils, sinon la chaux est difficile à enlever une fois sèche. La chaux en poudre est très volatile, éviter les endroits ventés et porter masque et lunette. Attention à ne pas se faire mal au dos en portant les grosses pierres, penser à plier les genoux.
A mon avis, il ne sert à rien de placer des bambous pour imiter le ferraillage des fondations ciment, car le ferraillage est là pour compenser la faiblesse du béton de ciment qui est d’être trop dur et cassant, contrairement aux fondations cyclopéennes qui sont plus souples. Il est aussi déconseillé de mettre du métal dans la chaux car la chaux laisse passer l’humidité ce qui peut corroder le métal.

Bilan

Travaux assez physiques : porter les pierres, seaux de sables, béton de chaux, …
Utilisation de matériaux locaux : pierres à proximité, chaux du Périgord (200km), sable alluvionnaire de la Vienne (40km), …
Coût des matériaux : 210 €

Matériau Quantité Unité Prix Montant
Pierres Sur place Gratuit 0
Mignonette 1,5 m3 50 75
Chaux 9 sac de 35kg 13 117
Pouzzolane 3 sac de 25kg 6 18

 

Liens

Des liens où trouver des informations qui nous ont bien aidé :
http://www.terrabitat.fr/documentation/les-techniques/25-fondations-cyclopeennes
http://www.areso.asso.fr/spip.php?article56

Et comme d’habitude, allez voir du côté des photos pour voir les détails de notre réalisation.

Cyclopéennement votre

7 comments on “Fondation cyclopéenne de l’atelierAdd yours →

  1. Bonjour. J aimerais savoir quel était le volume de vos fondations (par rapport au calcul des materiaux) et comment se comportent elles 2 ans après. Y a t il des mouvements ou des ajustements à apporter. Merci de votre retour d’experience.

    1. Bonjour
      Pas évident de définir le volume des fondations étant donné la profondeur variable.
      Sinon cela n’a pas bougé depuis que le bâtiment est posé dessus.

  2. Bonjour, je souhaite réaliser des fondations cyclopéennes pour ma future maison qui aura des soubassements en pierre et des murs en pisé. Je cherche des informations partout, votre article est très intéressant. Où avez-vous trouvé vos infos ? Où dois-je chercher ? Cordialement Stéphane

    1. Bonjour Stéphane
      On s’est principalement inspiré des documents que tu pourras trouver via les liens à la fin de notre article. On a aussi essayé d’en faire un résumé ici après l’avoir expérimenté. Après plus de 3 ans cela n’a pas bougé. Ne pas hésiter à faire appel à un géotechnicien pour connaitre la composition du sol, par contre il ne pourra préconiser que des solutions réglementaires donc pas des fondations cyclopéennes.

  3. Bonjour,

    Merci pour ce précieux retour. C’est dommage que les photos ne soient plus visible il n’y a pas tant de documentation sur le sujet…

    Par rapport à la pouzzolane, apparemment : « ça date de l’époque où la production de chaux n’était pas normalisée et où il n’était pas possible d’obtenir de la chaux hydraulique. Toi tu peux acheter de la NHL, donc inutile de tenter de retrouver les recettes perdues des romains. » source : http://compaillons.naturalforum.net/t6406-fondation-cyclopeenne

    Mais peut être que tu as d’autres arguments ?

    Belle journée,
    David

    1. Merci pour ton commentaire et ce lien vers le forum des compaillons où l’on peut trouver des personnes très compétentes pour répondre. La pouzzolane n’est effectivement pas obligatoire, suivant la nature du terrain tu peux simplement prendre une NHL5, nous on est sur la roche donc on peut se permettre un NHL3,5.

      Concernant les photos, c’est du à un mise à jour du site, en attendant de les réinsérer, tu trouvera d’autres photos ici :
      http://www.gibbeuse.org/photos/?cws_album=5901306433746433233&cws_album_title=Fondation%20cyclop%C3%A9enne%20atelier

      Bonne construction

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